Qu’a-t-on le droit de faire dire aux chiffres ? Voilà une question qui semble bien naïve. Les chiffres ne parlent pas, ils n’ont pas de réalité propre qui leur permettrait de communiquer. Et pourtant, la langue française déborde d’expressions qui vont dans ce sens. «On fait mentir les chiffres », « les chiffres nous disent », « les chiffres parlent d’eux-mêmes ». On prête ainsi une grande éloquence aux chiffres, mais que cela cache-t-il ? Le 22 novembre 2020, deux journaux rapportent la même information. A savoir « l’évolution», et nous verrons que ces guillemets sont nécessaires, de la pandémie de COVID-19. L’un titre « COVID-19 : 215 morts à l’hôpital en France en 24h, les admissions en réanimation stagnent », l’autre « COVID-19 : 215 décès supplémentaires à l’hôpital en 24 heures, le ralentissement de l’épidémie se poursuit en France ». Il apparaît immédiatement que le message transmis par ces deux médias, respectivement BFMTV et France TV, n’est pas le même. L’un ajoute une information : un « ralentissement de lâ