À la sortie des confinements, on entend déjà la rue bouillonner à nouveau, partagée entre les cris des bars, ceux des manifestants, les cris des enfants et tous ces autres qui prennent la place du silence qui s’était instauré pendant trois confinements et plusieurs mois. Les cris sociaux en finissent ainsi avec le cri muet d’angoisse qu’a été l’ennui de ces mois de solitude et de mort.
Considérons comme » cri » non pas celui langagé (la montée de la voix qui véhicule un message et qui est un simple moyen, subordonnée aux mots de ce message), mais le cri qui est but en soi, qui s’exprime par soi-même et pour soi-même sans besoin de mots. Le cri dont nous allons parler est aussi bien celui de l’enfant qui marche émerveillé dans une flaque, que celui du manifestant enragé qui dit au monde » arrête « . Un seul et même phénomène qui mobilise parfois des sentiments opposés.
Un cri est dans tous les cas une explosion de sentiments, une intensité débordante dans l’instantan