Depuis le jeudi 24 février 2022 l’offensive russe en Ukraine occupe l’actualité européenne de manière continue. L’escalade qui mena à cette invasion des armées russes fut rapide et semble avoir provoqué une sidération européenne et internationale. Elle rappelle que la guerre, moins présente depuis la fin du conflit yougoslave, n’est peut-être pas une maladie éradiquée en Europe. La violence des combats présente dans les contenus multimédias des réseaux sociaux montre que le conflit dépasse de la sphère uniquement militaire pour se mouvoir vers une guerre des images qui inonde notre quotidien. De plus, la situation semble être inédite dans notre temporalité, dans la forme des positions prises par les gouvernements des autres pays membres de l’ONU oscillant entre condamnation, neutralité, et compréhension de l’offensive de Vladimir Poutine.
Actuellement si la situation semble choquante pour nous, contemporains impuissants de cette montée des violences, pour l’Hu’Mag, en tant que magazine d’actualité respectant une méthodologie stricte dans notre processus de rédaction, nous observons et nous nous renseignons en profondeur. Nous nous efforçons dans le cadre de la préparation de nos lignes éditoriales futures de comprendre les événements actuels avec une prise de distance critique, soit avec un angle scientifique. De fait, la multitude des sources d’informations et leur multipolarité peuvent rendre l’exercice ardu, tout en le rendant paradoxalement davantage stimulant intellectuellement. Néanmoins, il paraît essentiel dans cette crise de la paix de dépasser l’idée d’un monde manichéen et de ne pas offrir une seule clé de lecture du conflit, soit une lecture essentiellement factuelle. Par exemple, la compréhension de l’offensive russe n’est pas un enjeu récent, et s’insère dans une longue série de processus divers et complexes mêlant des rancœurs nourries par le positionnement des Occidentaux vis-à-vis de la Russie et des ambitions expansionnistes d’un dirigeant.
Cet affrontement est aussi à considérer dans des dimensions plus larges que celles uniquement géopolitiques. En effet, depuis plusieurs semaines, des milliers d’Ukrainiens et Ukrainiennes ont fui les combats pour rejoindre les frontières de l’Union européenne. Cette vague migratoire se dirigeant à l’ouest relance le débat de la question migratoire qui semble être traitée totalement différemment que celle de 2015 par certains gouvernements européens.
Il en va de même dans le nombre des lourdes sanctions prises par les Européens et les États-Unis dont l’objectif est de mettre à mal le système économique russe. De plus, il est à souligner que les sanctions prises ne concernent pas uniquement l’État en qualité d’institution mais aussi des personnes plus ciblées comme les oligarques russes.
À partir de l’ensemble de ces données complexes et entremêlées, il semble nécessaire d’avoir une vision globale afin de saisir l’intégralité multidimensionnelle de l’invasion russe. De même, il convient de rappeler des enjeux contextuels car si en ce moment l’Ukraine semble devenir un enjeu primordial pour Vladimir Poutine, la Géorgie et la Moldavie possèdent une situation proche de celle de l’Ukraine. Plus exactement, le Kremlin soutenait les Républiques autoproclamées du Donbass sans les reconnaître officiellement. Ici, un parallèle légitime pourrait être à faire avec les autres territoires soutenus par l’État russe comme l’Ossétie du Sud et la Transnistrie.