
Samedi 3 septembre, le Paris-Saint-Germain se déplaçait à Nantes pour disputer un match de football comptant pour la sixième journée du championnat de France. Un voyage en terre atlantique qui a vite fait polémique. Le problème ne portait pas sur le match en lui-même, mais principalement sur les modalités de transport du PSG, privilégiant le trajet en jet privé aux trains pour se rendre dans la cité des ducs. Interrogés par la presse, les réactions de Christophe Galtier, l’entraîneur parisien, et de Kylian Mbappé, joueur phare du club de la capitale, ne sont pas passé inaperçus sur les réseaux sociaux. Les deux protagonistes ont été jugés irresponsables compte tenu de l’urgence climatique, suite, notamment à la réponse du coach : « On est en train de voir si l’on ne peut pas se déplacer en char à voile ». Sa réaction est également accompagnée d’un ricanement de Kylian Mbappé.
Cette légèreté dans la réponse pose un certain nombre de questions, l’attaquant de 23 ans étant l’un des joueurs de football les plus connus, suivi par près de 72 millions de personnes sur le réseau social Instagram, dont beaucoup de jeunes. Il est un modèle pour une génération qui compte, en son sein, des profils indiquant leur inquiétude au sujet du dérèglement climatique via un concept qui a fait son apparition récente : l’éco-anxiété.
Urgence climatique
Notre planète est en danger et se dégrade de jour en jour. La cause est majoritairement anthropique. D’après le rapport 2022 du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les effets du réchauffement climatiques sont irréversibles. Avec des conséquences sur les aires des répartitions animales et végétales qui baissent de moitiés, les ressources en eau et en nourritures qui sont de moins en moins disponibles dans certains pays d’Afrique et d’Asie. S’ajoutent à cela des problèmes de santé que l’on aperçoit de manière frontale désormais avec l’exemple du développement du choléra ou encore la dégradation de la qualité de l’air qui peut entraîner de l’asthme dans certains cas. Un peu plus subtile, mais tout aussi importante, cette situation peut également engendrer des dommages sur la santé mentale des plus avertis. On parlera d’éco-anxiété ou de dépression verte.
L’éco-anxiété n’est pas officiellement définie par un diagnostic médical. Le terme n’est en effet pas présent dans le DSM 5, un manuel édité par l’Association Américaine de Psychiatrie (APA) qui diagnostique et émet des statistiques sur les troubles mentaux. Pourtant, cette même association rédige déjà des articles, présentant des liens entre la dégradation de l’environnement et ses conséquences sur la psychologie humaine. L’APA parle de dégâts considérables comme des traumatismes, la dépression, des suicides, un sentiment chronique de peur, d’agressivité… Avec autant de symptômes décrits, on pourrait donc se demander pourquoi le terme éco-anxiété ne figure pas officiellement dans le DSM 5.
Les réseaux sociaux et leurs conséquences
Les réseaux sociaux n’y sont pas pour rien dans le développement de cette éco-anxiété, d’après l’article de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur ce sujet. Nous sommes submergés d’informations. La plupart sont sources d’anxiété car elles se retrouvent en dehors de notre champ d’action, à des échelles bien trop grandes d’après l’idée que défend P.E. Stocknes, psychologue et homme politique, dans son ouvrage What We Think About When We Try Not To Think About Global Warming. Par exemple, face aux partages en story Instagram de tous les incendies déclenchés pour cause naturel, on se sent démunis ce qui peut provoquer du stress et s’avérer être un stratégie contre-productive. Alors qu’à l’inverse, le partage de solution à plus bas échelle permettrait une diminution de ce stress, comme participer à des actions collectives en faveur du climat d’après une étude parue dans Current Psychology le 22 février 2022.
Alors, peut-être faudrait-il s’affranchir du dramatique et utiliser les réseaux sociaux avant-tout sous un angle éducatif, en incitant des personnes à la grande visibilité à partager les solutions et en s’impliquant et en donnant un meilleures exemple aux personnes qui les suivent. Apporter des solutions individuelles ou collectives pour pouvoir enfin agir.
Milana Magomedova, licence de psychologie.